Groupe de réflexion entre acteurs du monde rural en Haïti

Publié le par ACP

Un groupe de réflexion entre acteurs du monde rural en Haïti (GRAMH) s'est mis en place pour prendre part aux travaux sur la reconstruction et mettre en place à plus long terme une "plateforme de plaidoyer et de lobbying capable de faire entendre la voie de la paysannerie et du milieu rural dans tous les espaces décisionnels et de défendre leurs intérêts en vue d’une réelle amélioration des conditions de vie".

L'ACPP souhaite intégrer ce processus de discussion et de proposition.

Vous pouvez retrouver sur le site de l'Association des paysans de Vallue www.vallue.org la présentation de ce groupe ainsi que le "cadre indicatif pour rebâtir le milieu rural" soumis à l'Etat Haïtien.

Quelques extraits :

 

"Cet espace est porteur de grands enjeux dans le contexte actuel de prise de conscience d’un besoin de vivre autrement et de prise de décision quant à la refondation ou la reconstruction du pays, qu’il convient de clarifier :

- C’est un espace d’échange et d’apprentissage collectif, qui permettra de faire un éclairage nouveau et en profondeur des problèmes et des obstacles communs d’ordre structurel et institutionnel qui entravent le progrès du milieu rural et bloquent l’amélioration des conditions de vie du paysan ;

- C’est un espace de construction collective d’une nouvelle vision de l’homme paysan et de son milieu, d’un nouveau leadership paysan qui facilitera le dialogue, l’écoute et la prise en compte de ses droits fondamentaux, des services dont il a besoin en tant que citoyen et des facilités qui lui garantiront une qualité de vie,

- C’est un espace qui permettra au paysan et au milieu rural de changer la nature de ses rapports avec l’État et avec la Société globale ;

- C’est un espace qui servira d’instrument pour canaliser de manière organisée et efficace les revendications progressistes du milieu rural, et pour influencer les politiques, le contenu, l’approche de développement.

Le nouveau système proposé est le développement local par section communale qui est une approche de gouvernance de proximité. Cette approche part de l’idée maîtresse ou de l’hypothèse selon laquelle «le développement est avant tout une chaîne et un schème de valeurs par lesquels les hommes et leurs structures deviennent le moteur différentiel de progrès entre les territoires». Elle est guidée par la vision du milieu rural comme espace de vie attrayant et sécuritaire, permettant à ses habitants d’accomplir leurs rêves et aspirations axés sur les droits humains,la justice sociale et l’équité, sur la jouissance des facilités du monde moderne dans l’observance des valeurs morales, éthiques et civiques, ainsi que dans le respect des équilibres naturels et la protection de l’environnement."

 

"Dans l’Haïti vieille de 206 ans, il y a de grandes constantes qui caractérisent la réalité nationale : la domination et l’exploitation sous différentes formes des grandes puissances internationales en complicité avec la bourgeoisie et les dirigeants du pays ; le parachutage de plan qui conforte les intérêts de leurs instruments de domination fonctionnant dans une logique de maintenir le pays dans la dépendance ; le manque d’infrastructures et la monopolisation des espaces économiques, financiers et politiques par une minorité qui pille les ressources du pays ; la grande disparité sociale et spatiale contribuant ainsi à alimenter les tensions sociales, l’instabilité politique chronique et l’exode massif, etc. Durant les 50 dernières années en particulier, des catastrophes naturelles se sont produites presque chaque année fragilisant davantage la réalité nationale et, du même coup, renforçant chez bon nombre d’Haïtiens l’envie de tout abandonner et de partir. Bref, quatre (4) mots/maux résument la situation actuelle d’Haïti : pauvreté, dépendance, corruption et fragilité. En conséquence, d’autres questions deviennent importantes : quelle vision de développement pour Haïti ? Selon quels principes et valeurs ? Quelle approche devrait-on adopter pour aller à la fois bien et vite ?

La «re-construction» du pays ne doit pas se faire selon une logique de parachutage ni reproduire le centralisme mercantile et monstrueux actuel. Elle doit être d’abord fonction d’une nouvelle vision partagée, avec des inputs endogènes et exogènes, qui orientera tant les actions prioritaires que l’approche de mise en oeuvre. Haïti doit entrer dans la modernité et fonctionner avec et selon les normes. En outre, La «re-construction» du pays doit être globale, décentralisée et intégratrice. Elle doit adresser la problématique de l’État, des infrastructures, de l’environnement, de l’économie et de la société globale, tout en accordant la meilleure attention aux disparités entre les régions et surtout tant à la dynamique des villes que de celle du milieu rural. C’est dans cet esprit qu’il parait fondamental et urgent que le secteur paysan vienne avec sa proposition pour le milieu rural afin d’alimenter les prises de décision, et donc pour qu’il ne soit pas ignoré ou traité en parent pauvre comme c’est le cas depuis 206 ans."

Publié dans Revue de presse

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